- iambe
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• 1532 jambus; lat. iambus, gr. iambos1 ♦ (fin XVIe) Versif. Pied de deux syllabes, la première brève, la seconde longue. L'iambe. — Par ext. Vers grec ou latin, dont les deuxième, quatrième et sixième pieds étaient des iambes.♢ Poème formé d'iambes.2 ♦ (1794) Au plur. Littér. Pièce de vers satiriques. Les ïambes d'André Chénier.iamben. m. LITTER Pièce de vers satirique où alternent des vers de douze pieds et des vers de huit pieds. Les iambes d'André Chénier.⇒ÏAMBE, subst. masc.A. — PROSODIE ANC.1. Pied composé de deux syllabes, une brève et une longue. L'iambe, composé d'une brève et d'une longue, le trochée, composé d'une longue et d'une brève, sont le rythme des pieds humains foulant le sol (COMBARIEU, Mus., 1910, p. 145).2. P. ext. ,,Vers dont le second, le quatrième et le sixième pied sont ordinairement des ïambes`` (LITTRÉ) et primitivement utilisé dans la poésie satirique; p. méton. poème formé d'ïambes :• 1. Cruelle Éris, déesse à chevelure bleue,Déesse au dard sanglant, déesse au fouet vainqueur,Change mon encre en fiel; mets autour de mon cœurL'armure adamantine, et dans mon front évoque,Mètre de clous armé, l'ïambe d'Archiloque!BANVILLE, Odes funamb., 1859, p. 101.B. — LITT. FR. [P. réf. aux iambes amers et mordants des poètes anciens] Pièce satirique virulente, composée de vers alternatifs de douze et de huit syllabes, avec croisement de rimes. Les Iambes d'André Chénier. Un jeune homme déclara qu'on devrait faire réciter, dans les rues, les Iambes de Barbier, par des acteurs, pour apprendre simultanément au peuple l'art et la liberté (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 315) :• 2. La Curée a été un pur accident dans la vie d'Auguste Barbier; il n'a fait, dans cette pièce et dans toutes celles d'à côté, qu'imiter et transporter de 93 à 1830 l'ïambe d'André Chénier, avec ses crudités, avec ses ardeurs, empruntant du même coup la forme et le style, y mettant plus de verve que de finesse, grossissant les traits, élargissant et épaississant les teintes...SAINTE-BEUVE, Pensées, 1869, p. 63.REM. Ïambique, adj. Composé d'ïambes. Vers ïambiques, trimètre ïambique. Cet Hymne [O gloriosa domina] réunit les deux éléments de versification. La forme antique du vers iambique dimètre régulier est observée; mais l'assonance et la rime commencent à s'y mêler (F. CLÉMENT, Hist. gén. mus. relig., 1860, p. 278). Emploi subst. Vers ïambique. Il m'envoya à Eton, en Angleterre, où je fabriquai beaucoup de vers grecs, surtout des iambiques (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 13).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694-1740 : i-, ensuite ï-. Ac. 1718-98 : ,,ce mot est de trois syllabes``. Étymol. et Hist. [1532 (RABELAIS, Pantagruel, chap. 1, éd. V.L. Saulnier, p. 12 : D'aultres croissoyent par les jambes; et a les veoir eussiez dit que c'estoient grues... Et les petits grymaulx les appellent en grammaire Jambus)] 1. 1555 [date de l'éd.] métr. anc. pié Iambe (J. PELETIER DU MANS, L'Art poétique, préf., éd. A. Boulanger, 1930, p. 229); 1605 ïambe (VAUQUELIN DE LA FRESNAYE, Art poétique, éd. A. Genty, 1862, p. 86); 2. av. 1589 « vers de six pieds » (A. DE BAÏF, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 221); 3. av. 1794 p. ext. « pièce de vers satirique généralement composée d'un alexandrin et d'un octosyllabe, à rimes croisées » (A. CHÉNIER, Iambes ds Œuvres, éd. G. Walter, p. 187). Empr. au lat. iambus, gr.
« ïambe (sens 1); poème en vers ïambiques; poème satirique (au plur.) ». Fréq. abs. littér. : 33.
iambe ou ïambe [jɑ̃b] n. m.ÉTYM. 1555, pié iambe; jambus, 1532, Rabelais (attestation douteuse quant au sens); lat. iambus, grec iambos.REM. Tous les dictionnaires écrivent ïambe (ainsi que ses dérivés et composés) avec un tréma; cet usage, suivi par la plupart des écrivains jusqu'à nos jours, tend à être abandonné par les spécialistes (cf. A. Waltz, in Grande Encyclopédie; Marouzeau, Voc.; P. Guillon, in Encycl. de la Pléiade). Littré notait déjà que « ce tréma est tout à fait inutile ».❖♦ Didactique.1 (Fin XVIe, d'Aubigné). Dans la versification antique, Pied de deux syllabes, la première brève, la seconde longue. || L'iambe. || Vers composé d'iambes. ⇒ Iambique; choliambe, mimiambe, scazon. || Pied de quatre syllabes, formé d'un trochée (1. Trochée) et d'un iambe. ⇒ Choriambe.2 (Avant 1589). Vers grec ou latin de six pieds, dont les deuxième, quatrième et sixième pieds étaient des iambes (à l'origine). || Les iambes étaient des vers satiriques ou tragiques. — Adj. Vx. || Vers ïambes. ⇒ Iambique.1 (…) dans mon front évoque,Mètre de clous armé, l'ïambe d'Archiloque !L'ïambe est de saison, l'ïambe et sa fureur,Pour peindre dignement ces spectacles d'horreurEt les sombres détails de ce cloaque immense.Th. de Banville, Odes funambulesques, p. 88.♦ Poème formé d'iambes. || Les iambes d'Archiloque de Paros.2 (…) on retrouverait à travers les fragments d'Archiloque et de Saphô (…) deux aspects (…) de la lyrique monodique (…) et dans les iambes de l'un et les chansons de l'autre, deux aspects de l'inspiration de l'Ionie et de l'Éolide.P. Guillon, in Encycl. Pl., Hist. des littératures, t. I, p. 378.3 (Av. 1794, Chénier). Pièce de vers satiriques (à l'époque moderne). || Les ïambes d'André Chénier, d'Auguste Barbier.3 L'auteur a compris sous la dénomination générale d'ïambes toute satire d'un sentiment amer et d'un mouvement lyrique; cependant ce titre n'appartient réellement qu'aux vers satiriques composés à l'instar de ceux d'André Chénier; le mètre employé par ce grand poète n'est pas précisément l'ïambe des anciens, mais quelque chose qui en rappelle l'allure franche et rapide : c'est le vers de douze syllabes, suivi d'un vers de huit, avec croisement de rimes; cette combinaison n'était pas inconnue à la poésie française, l'élégie s'en était souvent servie, mais en forme de stances; c'est ainsi que Gilbert a exhalé ses dernières plaintes.4 Après la révolution de 1830, Eugène Delacroix fit la Liberté guidant le peuple sur les barricades, comme une réplique de l'iambe célèbre d'Auguste Barbier.Th. Gautier, Portraits contemporains, Eugène Delacroix, p. 321.5 La Curée a été un pur accident dans la vie d'Auguste Barbier; il n'a fait, dans cette pièce (…) qu'imiter et transporter de 93 à 1830 l'ïambe d'André Chénier, avec ses crudités, avec ses ardeurs (…)Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Notes et pensées, XIII, t. XI, p. 447.❖COMP. Iambélégiaque, iambo-trochaïque.
Encyclopédie Universelle. 2012.